Après un désaccord mystérieux avec Electronic
Arts, une poignée des membres du studio 2015, créateur de Medal Of
Honor, décide de s'en aller voir ailleurs si les uniformes allemands
sont plus vert de gris. Ainsi naît Infinity Ward dont le premier bébé
vient mettre une pillée à Medal Of Honor dans le genre FPS
hollywoodien. L'émancipation ça a du bon.Un jour il y eut Medal Of Honor : Débarquement Allié. Une
gigantesque baffe dans la tronche des fans de FPS qui ont pu découvrir
à quoi on pouvait utiliser les scripts et l'inspiration hollywoodiene.
Malheureusement depuis, 2015 dort un peu sur ses lauriers et se
contente de nous alimenter en add-ons sympathiques mais qui fleurent
trop le déjà-vu, tout ça pour nous faire attendre un second volet qui a
intérêt d'assurer. Dans le même temps, le studio Infinity Ward est créé
et recruté par Activision. Commence alors le développement de Call Of
Duty. Inutile de se voiler la face, quand on le lance, on comprend de
suite que l'expérience de jeu repose rigoureusement sur les mêmes bases
que celles de MoH. Le truc, c'est que les développeurs sont allés plus
loin et que si vous trouviez que Débarquement Allié offrait un sacré
barouf, alors vous allez être surpris.
L'entrée en matière est assez brutale, vous comprendrez vite que foncer dans le tas peut-être suicidaire.Les ressemblances, on les retrouvera à de multiples points (outre
l'ambiance). Les objectifs sont assez similaires, la boussole avec le
gros point qui flashe est elle aussi de retour, de même que les phases
d'infiltration déguisées (mais en moins lourd). Même l'affichage des
objectifs rappelle des souvenirs. Certaines scènes semblent elles aussi
sortir droit d'un projet 2015. Mais mettons-nous d'accord tout de suite
: la mise en scène de Call Of Duty est bien plus bluffante que celle de
MoH.
Etalées sur 4 campagnes, les missions vous donneront l'occasion
d'incarner 3 soldats différents, un américain, un anglais et un russe.
De la campagne normande à Stalingrad avant d'en finir avec Berlin, on
verra du pays et surtout on aura la chance de tâter à plein d'armes
différentes. Le plus souvent, on sera en compagnie de nos camarades
bidasses, bien que certaines missions se remplissent en solo. Très
honnêtement, à mon sens elle sont loin d'être les plus stimulantes
comparées aux anthologiques batailles de masse. Assaut d'une ville,
défense d'un point clé en attente de renforts, crapahutage dans les
bois, autant de passages que l'on termine en sueur. Les soldats hurlent
en tous sens, des machins explosent de tous les côtés, boum, bam, un
nuage de fumée qui dissimule traîtreusement une vague d'ennemis qui
nous foncent dessus. Alentours, vos alliés se foutent totalement de
votre sort, ils foncent, soit au feu, soit à l'abri, mais ils ne vous
tiendront pas par la main, à vous de distinguer les consignes dans le
tapage ambiant. Enfin, ça c'est dans le cas des affrontements mettant
en scène un grand nombre d'hommes. Pour les missions en comité plus
restreint, on retrouve les habitudes de Medal of Honor avec des
équipiers qui ne font pas un pas de trop sans s'être assuré de votre
présence, pas plus qu'ils n'ouvriront une porte quelconque si vous
n'êtes pas là pour le voir. Toutefois, on n'a pas tellement la
sensation d'être face à des comportement bien calculés, en partie en
raison de leur aspect très naturel, les scripts nous sautent moins au
visage que dans la série concurrente.
Dégommez
les Stukas avant qu'il ne s'approchent trop. Tout ça avec des allemands
au-dessus et en comptant sur votre couverture pour ne pas vous faire
exploser la tronche.Autre point fort du jeu, malgré quelques objectifs pas très
originaux, les missions parviennent à surprendre et à se montrer aussi
variées qu'intenses. La scénarisation est époustouflante, que l'on
parle de simples explosions ou carrément de retournements de situation,
on vous demandera même de battre en retraite au cours d'un assaut, et
mieux vaudra entendre l'ordre au milieu de la pluie de plomb, car seul
vous n'irez pas loin. Le point culminant de cette réalisation sera le
débarquement russe. Oubliez Omaha Beach, c'est tout ce que j'ai à dire.
Sans vous raconter ce que vous devez absolument découvrir, sachez tout
de même que ce passage trop bref est d'ores et déjà culte. Vous allez
frémir et suer comme des porcs, croyez-moi. De nombreux passages du jeu
sont un concentré de furie et de feu.
L'IA un peu faible est compensée par des scripts très crédibles.Là ou l'on attendait Call Of Duty, c'était aussi sur l'IA. On revoit
un peu nos estimations à la baisse sur ce point. Comme je vous l'ai
dit, vos alliés se comportent de deux manières distinctes. Soit ils
sont indépendants et plutôt impressionnants à regarder, soit ils
agissent comme vos toutous. La mise en scène de leurs actes suffit à
compenser ce sentiment, de même que leur faculté à se mettre à couvert
lorsque c'est nécessaire. Côté ennemi, c'est un peu la même chose.
D'une manière générale, les soldat adverses ne sont pas très subtils.
S'ils savent eux aussi tirer en coin, se cacher derrière une caisse ou
tirer en se couchant, il foncent sur vous comme des fous dès qu'ils en
ont l'occasion. Cela n'empêchera cependant pas certains d'entre eux de
jouer les tireurs embusqués. Mais leur nombre compense aisément cette
petite lacune. Vu les tonnes de plombs qui traversent les niveaux, on
sera également contents d'avoir un appui solide avec nos alliés. Vous
allez apprendre ce que "se mettre à couvert" veut dire. Les ennemis
sont suffisamment costauds pour vous dégoûter d'aller jouer les héros
en prenant d'assaut une place forte sans soutien.
Un passage en véhicule bien sympa. le simple fait d'avoir à passer la tête par la fenêtre, ça change un peu.Techniquement, Call Of Duty ne dépasse pas les nouveaux canons du
FPS actuel, mais il nous offre un sympathique spectacle. On apprécie le
traitement des lumières très réussi, les textures variées et assez
fines et l'animation des personnages maîtrisée. Les morts notamment
sont assez bien rendues, arrêter un soldat en pleine course au fusil de
snipe est du plus bel effet. Et oui, le snipe est une forme d'art. On
n'en dira pas autant de la marche qui est pour sa part un peu foireuse.
Mais c'est véritablement la bande-son qui en met plein les oreilles.
Outre des thèmes musicaux splendides, on reste scotché par
l'environnement sonore : cris, balles qui fusent lorsqu'elles passent
près de nos petites têtes... D'un point de vue sonore, Call Of Duty est
un incroyable brouhaha organisé, la fureur à l'état pur. Parfois, on
aura droit au silence, et même là c'est une réussite. Bruits divers,
pas lointains, chuchotements, tout est là. Dernier point, on note des
plantages mal venus avec les cartes graphiques ATI 9800, nul doute
qu'un patch viendra corriger le tir, mais en attendant, méfiance.
Le travail sur les éclairages temps réel à été soigné.Il me reste à parler du point noir du jeu : sa durée de vie. Comptez
au maximum 8 heures en prenant votre temps pour boucler le jeu.
Probablement moins pour les acharnés. C'est malheureusement le prix à
payer pour un énorme travail de scénarisation.
Pour conclure, on peut reprocher à Call Of Duty de ressembler assez
fortement à Medal Of Honor, mais ce n'est pas une simple copie que nous
avons là, c'est un jeu transcendé, ce qu'on aimerait que 2015 fasse de
son côté, c'est Infinity Ward qui s'en est chargé. Le pion est damé,
MoH est battu.