La série des Age Of Empires prend le large et
vogue vers le nouveau continent. Le troisième volet prend la suite
directe de son prédécesseur "Age of Kings" et nous entraîne au début du
XVIème siècle, une époque riche en découvertes et marquée par la
conquête de l'Amérique. Un cadre idéal pour un jeu de stratégie temps
réel très attendu.Le dernier soft d'Ensemble Studios vous met aux commandes de
l'une des grandes puissances européennes de l'époque, déterminée à
coloniser le Nouveau Monde. Huit civilisations jouables, ayant chacune
leurs spécificités, s'offrent à nous : les britanniques, les espagnols,
les portugais, les allemands, les russes, les ottomans, les néerlandais
et les français. Petit regret, les amérindiens ne constituent pas un
camp à part entière, mais plutôt des sortes de renforts disponibles
dans la plupart des missions. Pour s'octroyer l'aide de ces tribus,
c'est très simple. Il suffit de localiser leurs villages sur la carte
et d'y construire un comptoir. La population sera alors acquise à votre
cause et vous pourrez créer des unités indiennes, comme vous créez vos
propres archers ou troupes d'infanterie. Bien évidemment, si votre
adversaire construit son propre comptoir à la place du vôtre, c'est lui
qui bénéficiera de l'aide des villageois. Des unités bon marché qui
peuvent apporter une aide substantielle pendant les batailles, cela ne
se refuse pas et les villages amérindiens deviennent vite des points
stratégiques à capturer, surtout en multijoueur. D'autant que les
indigènes ne sont pas comptabilisés dans votre population qui, comme
dans les précédents titres de la série, est limitée à 200 unités. Un
intérêt supplémentaire pour s'en emparer.
Les graphismes sont de toute beauté.Autre nouveauté d'Age of Empires 3 et autre point stratégique
devenant vite l'objet de toutes les convoitises : les routes
commerciales. Si vous construisez des comptoirs aux endroits prévus à
cet effet, cela vous donne droit à de petits bonus très appréciables
qui s'accumulent au fil du temps : ressources supplémentaire et gain
d'expérience. Plus que jamais, le jeu vous pousse à explorer la carte
dès le début des parties pour trouver les fameux villages amérindiens
et les routes commerciales. Et ce n'est pas tout, car des trésors sont
aussi disséminés dans les niveaux. Qui cracherait sur quelques pièces
d'or en plus ou sur un stock de nourriture ? Pas question donc de
construire sa base et de rester bien tranquillement dans son coin : la
victoire est plus que jamais conditionnée par l'exploration des lieux
et la découverte des bonus qui s'y trouvent.
Votre métropole peut vous envoyer des renforts si vous le demandez.Age of Empires 3 est également marqué par l'apparition des
métropoles. En effet, même si l'action se déroule intégralement en
Amérique, votre pays, situé à plusieurs milliers de kilomètres de là,
en Europe, profite de vos conquêtes et évolue. A tout moment, vous
pouvez visiter votre métropole et la personnaliser en vous servant de
l'expérience et des richesses accumulées jusque là. Vous pourrez par
exemple ajouter des lampadaires, des fanions ou même modifier
l'apparence des bâtiments. Périodiquement, vous aurez aussi le droit de
déverrouiller de nouvelles technologies. Il faudra alors choisir la
direction dans laquelle vous souhaitez évoluer. Améliorerez-vous vos
navires de guerre ? Vos troupes de cavalerie ? Vos alliances avec les
indigènes ? Votre artillerie ? La récolte des ressources ? Attention,
car les choix que vous faites se répercutent sur le long terme. En
effet, la métropole vous suit, et évolue avec vous au fil des parties
aussi bien pendant la campagne solo qu'en escarmouche ou même en
multijoueur. Plus vous jouez et plus votre métropole gagne en
puissance. Vous allez voir tout de suite son utilité car outre le fait
de vous permettre de progresser technologiquement, elle peut aussi vous
envoyer des renforts sur le champ de bataille. Pendant les parties vous
pouvez en effet vous rendre dans votre métropole et demander des unités
supplémentaires qui vous seront envoyées illico presto : archers,
infanterie, artillerie... Cet apport de troupes fraîches peut vite
devenir déterminant dans l'issue des batailles.
Admirez les débris qui se dispersent lorsqu'on touche un bâtiment.Et des batailles, vous allez en livrer au sein de la campagne solo,
assez longue soit dit en passant. Seul problème, on ne peut pas dire
qu'elle soit passionnante. En effet, les missions se suivent et se
ressemblent. Un peu plus de variété aurait été bienvenue, d'autant que
contrairement à certains STR qui nous laissent choisir les missions que
l'on veut effectuer, dans Age of Empires 3, tout est très linéaire. Les
niveaux s'enchaînent "à l'ancienne" sans que l'on n'ait véritablement
de choix à faire sur le déroulement de l'aventure. Bref, au bout de
quelques heures, la lassitude peut éventuellement gagne le joueur.
Heureusement, les modes escarmouche et multijoueur sont là pour varier
les plaisirs. Ceux-ci permettent à huit joueurs (contrôlés par des
humains où par l'IA) de s'affronter sur une flopée de cartes
aléatoires. On choisit le type de niveau que l'on souhaite, par exemple
de grandes plaines ou une carte composée de plusieurs îles, et le jeu
génère automatiquement une map. Deux types de parties sont possibles
mais il s'agit hélas toujours de tuer ses ennemis. En fait, la variante
se situe au niveau des ressources que l'on a au départ. Dans le mode
suprématie, vous disposez de ressources assez faibles et il faudra donc
prendre le temps d'en récolter pour bâtir votre base et vous constituer
une armée digne de ce nom. En deathmatch en revanche, vous avez dès le
début d'importantes quantités de bois, de nourriture et d'or ce qui
vous permettra de fonder votre colonie très rapidement. Idéal pour
jouer des parties plus brèves et pour se lancer directement dans la
bataille sans avoir une longue phase de récolte.
Ce village amérindien est désormais à moi : j'ai accès à de nouvelles unités.L'absence de modes plus variés, pourtant présents dans nombre de STR
modernes, comme le désormais classique "Domination" consistant à
s'emparer de points précis sur la carte et à les conserver, se fait
cruellement sentir. Autre regret concernant l'escarmouche et le multi
en général, il n'est pas possible de former plus de deux équipes. En
fait, soit on joue chacun pour soi, soit on forme deux équipes.
Impossible donc de faire s'affronter trois équipes de deux joueurs par
exemple. Dommage. Dernier point sur lequel on ne peut qu'être un peu
déçu : il n'y a pas d'anti-rush. Dans d'autres jeux de stratégie, il
est possible de définir pendant combien de temps on souhaite faire
entrer en vigueur un cessez-le-feu. Ainsi, cela laisse le temps à
chacun de construire quelques bâtiments et d'avoir une ébauche d'armée
avant d'avoir à se battre contre d'éventuels assaillants. Dans Age of
Empires 3, c'est impossible et il est donc conseillé de bâtir en
priorité un bâtiment militaire et de créer quelques unités d'infanterie
pour faire face à un joueur qui aurait l'envie d'attaquer votre base
dès le début de la partie. Heureusement, la métropole donne la
possibilité de demander des renforts militaires ce qui permet de
limiter l'impact des rushs, mais une option de cessez-le-feu n'aurait
quand même pas été superfétatoire.
Un éditeur de cartes très complet est présent.Côté graphismes en revanche, on a du mal à trouver quelque chose à
redire. Age of Empires 3 utilise les technologies les plus récentes
pour nous en mettre plein les yeux et on peut dire que c'est réussi,
tant au niveau des couleurs, riches et chaleureuses, qu'au niveau de la
topographie utilisant le "Tone Mapping", un procédé venu de la
photographie. Un autre outil, celui-là spécialement mis au point par
les développeurs, permet de traiter de façon efficace les effets
d'ombres et de lumières. Son nom est un peu barbare, il s'agit de
l'HDRI (High Dynamic Range Imaging). Grâce à lui, les ombres des unités
varient en fonction de la position du soleil et peuvent même se
superposer. Les surfaces aquatiques ont bénéficié d'un traitement
particulier et cela se voit : l'eau est superbe. Les décors, les unités
et la lumière du soleil s'y reflètent parfaitement. Tout cela a
cependant un prix : le jeu est très gourmand en ressources. Un PC très
puissant est donc nécessaire si on veut profiter des détails maximum,
surtout lorsqu'il s'agit de jouer à 8 en multijoueurs. Un processeur
cadencé à plus de 3 GHz secondé par 2 Go de RAM et par une carte
graphique Geforce 6800 ou ATI X800 ne sont alors pas de trop pour
supporter la débauche d'effets d'ombres et de lumières des batailles
faisant entrer en scène des dizaines d'unités simultanément.
Les batailles navales sont l'un des aspects les plus spectaculaires du jeu.Plus que le moteur graphique, c'est le moteur physique qui surprend.
Pas étonnant puisque celui-ci n'est ni plus ni moins que le fameux
Havok, moteur qui gère, entre autres, la physique du FPS Half-Life 2.
Le résultat dans Age of Empires 3 est assez bluffant. C'est l'une des
premières fois que l'on voit dans un jeu de stratégie une gestion
localisée des dégâts. Ainsi, si des flèches enflammées touchent les
voiles d'un moulin à vent, celles-ci vont prendre feu et le moulin en
question va s'arrêter de tourner. Les bâtiments et les navires peuvent
être détruits de plusieurs manières selon l'endroit touché. On peut par
exemple voir une toiture s'effondrer après que l'artillerie l'ait
touchée ou des débris de murs tomber au sol après une attaque. Les
unités ne sont pas en reste puisque lorsqu'on tire un boulet de canon
sur les troupes adverses, les corps sont projetés à plusieurs mètres du
point d'impact. Une touche de réalisme appréciable effaçant la
désagréable sensation d'assister à la répétition d'une simple
animation. Au final, Age of Empires 3 surprend vraiment par certains de
ses aspects. Il aurait même pu prétendre au titre de jeu parfait si sa
campagne solo avait été plus dynamique et si il ne manquait pas
quelques options en escarmouche et en multijoueur. Il demeure cependant
un titre à ne pas manquer de par le plaisir qu'il sait malgré tout nous
procurer.