La tâche est lourde et la pression pesante pour DICE qui se doit d'offrir aux joueurs la digne suite de Battlefield 1942 et son cousin Vietnam. Attendu au tournant par les troufions virtuels au clic de souris facile, le studio parvient-il à relever le défi en plaçant son jeu au sommet des shopping lists ? Oui.
Le moins que l'on puisse dire lorsqu'on se lance dans Battlefield 2 pour la première fois, c'est qu'on n'est pas dépaysé. Déjà parce qu'en bon soldat, on fait avant tout un tour par le mode solo pour se familiariser avec le titre, ce qui nous donne l'occasion de constater qu'il est toujours aussi navrant, limité à des escarmouches contre des bots stupides qui passent leur temps à vous rouler dessus en char. Ensuite parce que le principe de base du jeu n'a pas bougé d'un iota, glorifiant toujours le mode Conquête et ses tickets. Que les étourdis se rappellent du principe des points de contrôle que chaque équipe doit occuper afin de posséder un maximum de tickets qui sont autant de vies disponibles pour les joueurs. Le but étant de faire tomber le compteur adverse à zéro en laminant les ennemis et en occupant leurs points de contrôle. Voilà, ça, c'est pour votre mémoire défaillante. Et c'est toujours en terrain familier que l'on avancera en partant à la découverte des véhicules et de leur conduite qui n'a guère changée. Comme toujours, si prendre les commandes d'un blindés, d'une jeep ou d'un bateau est à la portée de tous, le pilotage des avions et des hélicoptères ne s'improvise pas et demandera un rude apprentissage, de préférence en solo afin de ne pas se faire assassiner par ses propres équipiers. Mais petit à petit, on commence à découvrir les nouveautés. A titre d'exemple, on accueillera les leurres dont sont équipés les engins aériens afin de se débarrasser des missiles lancés à leur poursuite. Bienvenus dans l'ère moderne.
Alors là j'allais tranquillement prendre mon avion quand un Kévin a décidé de me tuer pour le prendre.
Une ère de communication, point crucial de ce nouveau Battlefield qui trouve enfin un moyen de mettre un terme à son aspect parfois hautement anarchique. Dorénavant, lorsque vous choisirez votre classe parmi les 7 disponibles, vous pourrez au passage choisir de rejoindre une escouade (une équipe pouvant en compter 6). Chaque escouade répond aux ordres de son leader, lui-même soumis au commandant général de l'équipe qui peut diriger les hommes à la manière d'un STR. De simples clics permettent d'ordonner l'attaque ou la défense de points précis, lancer un drone afin de repérer les forces ennemies, faire larguer des fournitures diverses, ordonner des réparations etc. Chaque ordre transitant par les leaders de squads. Leaders qui font d'ailleurs office de point de respawn mobile, évitant aux membres d'une escouade d'être éparpillés sur des cartes parfois colossales. On notera d'ailleurs en passant que la dizaine de maps du jeu ont une taille variable selon le nombre de joueurs configuré pour la partie (16/32/64). On peut donc oublier les assauts souvent très chaotiques et voir enfin arriver des affrontements coordonnés, organisés, voire même tactiques. Evidemment, on paie un prix pour cela : le risque de tomber sur une équipe de Kevin qui s'obstinent à ne pas communiquer et à jouer en Deathmatch primaire. Problème malheureusement récurent dans Battlefield où il est toujours possible de se faire descendre par un allié qui a décidé que c'était lui qui prendrait le Harrier et pas vous.
Si tu crois que tu vas me faire peur parce que t'as un blindage et un canon. J'ai joué à MoH moi, j'ai peur de rien.
Toujours est-il que cette nouvelle fonctionnalité apporte un véritable regain d'intérêt et un renouveau certain au jeu. Non seulement d'une manière globale, mais également en terme de micro-gestion. Si l'infanterie est toujours aussi vulnérable aux blindés tout puissants, il devient aujourd'hui beaucoup plus simple de s'allier pour résister et survivre. Bien sûr, pour en profiter, il faut pouvoir communiquer convenablement, pour ce faire, on dispose des classiques fonctions du clavier, mais il y a mieux, la communication vocale par IP qui permet de transmettre les ordres ou les requêtes directement de bouche à oreille en respectant une chaîne de commandement : du commandant aux leaders et des leaders aux troufions, qui ne peuvent parler qu'avec les membres de leur escouade. Tout ceci concorde à un sentiment d'immersion vraiment prenant, d'autant que l'ambiance du jeu est frénétique. Les combats sont stimulants et être survolé par deux chasseurs en plein dogfight ou prêts à vous larguer des bombes sur la tronche est tout simplement spectaculaire. Tout autant que peuvent l'être les environnements qui servent de théâtre à ces combats épiques. Le level design des maps a été pensé intelligemment, offrant des possibilités en parfaite adéquation avec le style de gameplay, nerveux mais sans négliger l'importance d'un bon positionnement et des couvertures. D'ailleurs à ce sujet, on regrette très amèrement l'impossibilité de se pencher... un oubli bien décevant.
Les hélicos sont toujours aussi délicats à piloter, comme me le fait gentiment remarquer mon passager.
Et puisqu'on aborde les choses perfectibles, parlons des classes jouables. Au nombre de 7 elles respectent les standards habituels du genre (forces spéciales, assaut, soutien, sapeur, médecin, antichar, sniper) et font preuve d'un équilibre qui faisait défaut à un Battlefied Vietnam à sa sortie. De plus, chacune offre son gameplay bien marqué et saura se montrer indispensable. Là où se situe un petit regret, c'est dans la mesure ou quelque soit la faction choisie parmi les 3 proposées, les classes se jouent quasiment de manière identique, ce qui annule quelque peu l'intérêt d'avoir 3 factions. Mais ce qui irrite le plus dans Battlefield 2, ce sont ses menus et son browser de serveur calamiteux. L'interface de configuration est un calvaire sans parler du fait que chaque modification des paramètres graphiques entraîne une nouvelle optimisation des shaders au chargement de la carte. Comme si les loadings n'étaient déjà pas assez longs et pénibles, pour ne pas dire à la limite du supportable par moment. Mais la palme, elle revient sans conteste au fameux browser. Trouver une partie peut devenir un chemin de croix. Le browser est lent, poussif, quand il ne plante pas carrément parfois jusqu'au redémarrage du jeu ! Tout ça simplement parce qu'on a voulu trier les serveurs par ping et que ça n'a pas plus à la chose. Avec en prime le coup classique du serveur affichant des places disponibles qui est soudain devenu complet.
Le browser de la honte.
Mais si on paie cher, on en a en tout cas pour son argent car non seulement Battlefield 2 est un petit bonheur à jouer, mais c'est aussi une réussite graphique. Je vous en prie, jetez un oeil aux screenshots. Ca m'évitera une description superflue. Mais tout ça, il faut surtout le voir en mouvement afin de bien se rendre compte de la qualité des animations. Courir en groupe pour se lancer à l'attaque et entendre subitement un avion approcher, pour finir au milieu d'une tourmente de poussière et de fumée suite à l'explosion d'un missile, ça vous met de suite dans l'ambiance. Seulement pour voir tout ça, il faut passer au tiroir caisse et se nantir d'un PC solide et surtout pourvu d'une carte 3D récente gérant les pixels shaders 1.4 (à vos notices donc). Alors oui, c'est vrai que l'on doit se battre un peu pour Battlefield 2, mais ça vaut bien quelque coups dans les dents.