Marre des add-on à répétition, il était grand temps que les Sims passent à la vitesse supérieure. Les Sims 2 vient de sortir et la question ne semble même pas devoir se poser, évidemment qu'il sera meilleur que le premier, plus joli et plus passionnant aussi. Mais à quel point ? C'est là toute la problématique.
Les Sims 2
Quatre ans qu'on se bouffe des add-on des Sims sans jamais voir le bout du tunnel. Quatre longues années qu'on les voit tour à tour faire la java, promener leur chien, partir en vacances ou même se prendre pour Sylvain Mirouf dans des spectacles de magie. Et tout ça, sans jamais se remettre en question sur quoi que ce soit, mais simplement en apportant de nouveaux objets et de nouveaux décors à la base déjà existante. Une sacrée performance qui leur aura permis de devenir le best-seller que l'on connaît. A trop vouloir tirer sur la ficelle, la lassitude s'est finalement installée, allant jusqu'à détourner certains fidèles de leur messie ludique. Il fallait que les Sims réagissent et qu'ils trouvent la bonne formule pour se renouveler. Le moment était venu de faire monter sur scène Les Sims 2.
Parler de révolution pour les Sims 2 serait tout de même un peu exagéré, mieux vaut partir sur une évolution. C'est bien plus sage et juste ainsi. Disons que sur le fond, Les Sims n'ont pas changé tant que ça. Le jeu est toujours une simulation de vie. On crée ses personnages et on les fait vivre en surmontant du mieux possible les petits tracas du quotidien. On leur achète des meubles, on agrandit leur maison, on les fait sympathiser avec leurs voisins, etc. Tout ça n'a pas changé, pas plus que certains points de leur intelligence par moment trop artificielle. Le coup du voisin barbu qui vient taper l'incruste chez vous jusqu'à pas d'heure est toujours là, tout comme celui qui vous fait aller chercher le courrier en pleine nuit en sous-vêtements. Des petits aspects qui ont le chic pour exaspérer même le plus indulgent des joueurs d'autant qu'on nous annonçait une intelligence plus développée. Cependant, sur ce dernier point, on ne peut pas vraiment dire que Electronic Arts se soit entièrement joué de nous car désormais, les Sims possèdent aussi un genre d'instinct de survie qui les poussera à aller manger, dormir ou se laver tout seul. Evidemment, on peut tout à fait leur donner ces ordres nous-mêmes, sans avoir à attendre qu'ils nous les réclament, mais ça fait plaisir de voir qu'ils sont capables d'aller ouvrir le frigo d'eux-mêmes s'ils ont faim. Globalement, l'IA est donc montée d'un petit cran, mais pas encore de quoi justifier une véritable suite.
Alors bon, qu'est-ce qui différencie Les Sims 2 de la ribambelle d'add-on sortis jusque-là ? Tout simplement son système de jeu à la fois plus profond et plus accessible. Plus profond dans le sens où les caractères qui définissent les Sims sont plus nombreux et aussi plus recherchés, et plus accessible car l'interface a été revue pour une prise en main immédiate. Les deux aspects sont d'ailleurs intimement liés. Dès le commencement de la partie, alors qu'on se plonge illico dans l'éditeur de personnages, on voit que les choses n'ont pas été faites à moitié. Outre l'aspect physique extrêmement poussé qui nous fera choisir la couleur des yeux, des cheveux et de la peau, mais aussi la hauteur des oreilles, l'écartement des narines ou encore l'épaisseur de la lèvre inférieure, c'est surtout la définition du caractère de son personnage qui va apporter quelques bouleversements au gameplay. On a le choix entre cinq aspirations et en un clic de souris, on décide si notre Sim aura un penchant pour sa famille, pour sa carrière, pour la connaissance, pour ses amis, ou pour l'amour. Loin d'être anodin, ce choix va conditionner tout un tas de petites choses dans sa future vie, à commencer par ses envies.
En permanence, le jeu nous affiche quatre envies et trois craintes pour chaque personnage. Pour vous donner quelques exemples : un Sim tourné vers son boulot va vraiment tout faire pour décrocher une promotion. Un Sim tourné vers l'amour, lui, pensera aussi à une promotion, mais plutôt du genre canapé celle-là... Loin d'être gadgets, ces envies changent finalement pas mal de choses dans notre façon de jouer puisqu'elles nous guident implicitement et nous donnent des petits objectifs chaque jour. C'est là où le jeu devient peut-être plus accessible. A l'inverse du premier Sims où vous étiez lâché avec vos personnages sans trouver d'autres occupations que d'organiser un barbeuk avec les voisins, Les Sims 2 vous guide et vous montre ce que vos Sims attendent de vous. Toutefois, absolument rien ne vous oblige à les rendre heureux. Libre à vous de laisser s'exprimer votre part de sadisme en les poussant à la dépression. Gniarf !
Dorénavant, vos Sims ont aussi un âge. C'est-à-dire qu'ils vieillissent comme tout le monde. "Du berceau au tombeau", pour reprendre le slogan finement trouvé par Electronic Arts, on suit donc leur parcours en les voyant grandir. Petit à petit, ils passent du stade bébé à celui d'enfant, puis d'adolescent, d'adulte et enfin de senior. La suite dépendra de la vie que vous leur avez donnée. S'ils auront été suffisamment heureux, ils vivront bien longtemps, dans le cas contraire, la faucheuse ne tardera pas à venir les chercher. Mais pas de panique, puisque les Sims peuvent maintenant se reproduire et transmettre leur patrimoine génétique à leur descendance (le côté colérique d'un père pourra se retrouver chez son enfant). Le caractère ne sera pas le seul héritage que les parents légueront à leurs enfants, il y a aussi l'aspect physique. Grâce à l'éditeur de personnages très poussé dont je parlais au-dessus, le nombre de détails physiques donne la possibilité au jeu de mixer les traits des deux parents pour faire naître un enfant tout à fait unique mais dont on peut aisément reconnaître l'affiliation génétique. L'enfant aura par exemple le regard de sa mère et le menton de son père. A ce sujet, un petit éditeur permet très facilement d'établir des liens de parenté entre les différents membres d'une "famille" (conjoints, parents, enfants ou même colocataires).
Les Sims 2 apporte aussi les évolutions graphiques que l'on attendait depuis un bon moment déjà. Fini la 3D isométrique toute raide, place maintenant à la 3D totale qui nous laisse enfin placer la caméra où bon nous semble - encore un point qui facilite la prise en main d'ailleurs... Les divers objets et accessoires à acheter pour embellir notre maison sont bien plus détaillés, mais malheureusement moins nombreux que dans Les Sims 1. Il faut dire que le jeu vient de sortir et que les fans n'ont pas encore eu le temps de se pencher sur l'éditeur d'objets. Cela dit, on peut raisonnablement penser que le catalogue de meubles s'étoffera très rapidement. Une chose qui a par contre considérablement augmenté, c'est le nombre d'animations et d'expressions que nous offrent les Sims pour se faire comprendre. Puisqu'ils ne savent toujours pas parler (ils se contentent d'onomatopées pour discuter entre eux), il fallait bien que leur panel gestuel s'étoffe pour couvrir le nombre de messages à faire passer. C'est largement réussi, et drôle qui plus est !
Tout n'est pourtant pas rose dans Les Sims 2. Comme je l'évoquais en début de test, il réside quelques failles dans l'IA qui rendent certains comportements assez crétins, mais on peut aussi regretter qu'il se dégage un gros sentiment de retour à la case départ en jouant. Je m'explique. Aussi réussi soit-il, Les Sims 2 occulte complètement bon nombre de petits détails que l'on a vu apparaître dans les add-on du premier. Les animaux de compagnie ont par exemple totalement disparu, de même que certains quartiers de la ville. On repart donc de zéro, mais on reste confiant, connaissant et Electronic Arts, et la communauté de fans très réactive, le contenu va rapidement s'étoffer pour rattraper en moins de deux celui du premier épisode.